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Les misons de cette perte excessive sont : d’un côté, le haut prix des grains dans les ports de Bretagne, où l’on avait été forcé de s’approvisionner, parce que c’était encore le lieu de l’Europe d’où l’on pouvait tirer des seigles au meilleur marché ; de l’autre, l’extrême cherté du transport de ces grains pour les rendre dans les lieux où ils ont été débités. En effet, la plus grande partie en a été consommée dans la Montagne, et par conséquent il a fallu leur faire supporter un transport quelquefois de plus de quarante lieues par terre, dans des chemins difficiles, et qui ne sont praticables que pour des bêtes de somme, ou tout au plus pour des voitures à bœufs très-peu chargées.

La perte de 1770 forme, avec celle de 1771, une somme totale de 90,155 livres 19 sous 1 denier.

À la suite de ce compte général, j’ai joint un compte semblable des achats de riz et de fèves, tant en 1770 qu’en 1771, dans lequel sont détaillés les prix d’achats, les frais de transport, depuis Bordeaux ou Nantes, jusque dans les lieux principaux de la généralité, et ceux qu’a occasionnés le transport dans les différents cantons où ont été faites la distribution et la consommation de ces denrées. Vous y verrez aussi le produit de la vente d’une partie de ces riz, et le montant de ce qui en est resté en magasin, soit à la fin de 1770, soit à la fin de 1771. Ce dernier article fait un objet d’environ 96 quintaux, évalués 2,400 livres.

Cet objet et celui des ventes étant déduits de la totalité des frais d’achats et de transports, la dépense réelle pour cet article se trouve monter pour les deux années à 42,805 livres 2 sous 6 deniers.

Je dois vous observer que dans la dépense de ces deux états, je n’ai compris aucun droit de commission, ni gratification, pour les négociants de Limoges qui ont été chargés des détails des achats et des ventes, ni les intérêts des avances très-considérables faites par le sieur François Ardent, l’un d’entre eux, ni les indemnités qu’il me paraît juste d’accorder pour les pertes faites par quelques négociants dans des entreprises auxquelles je les avais excités. Je réserve la discussion de ces objets pour la fin de ma lettre, après que je vous aurai rendu compte de l’opération des ateliers de charité, et présenté le tableau général de toutes les opérations de ces deux années, et de l’emploi des fonds que j’ai eus à ma disposition.

Ateliers de charité en 1771. — Vous m’aviez accordé une somme II. C