Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/233

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— Ah ! mon Dieu ! juste ciel ! miséricorde ! s’écria-t-elle, qu’est-ce que je viens de faire ! Je ne voudrais pas que ce pauvre petit fût pendu pour tout l’or du monde. Il m’a volée, c’est vrai ; mais enfin on m’a rendu mon cochon ! Ah ! ce n’est pas possible, Votre Honneur, je vous en supplie ; que faire, comment empêcher ce malheur ?

Le juge demeurait grave et pensif.

— Vous avez encore le droit, dit-il, de revenir sur la valeur déclarée, puisqu’il n’y a pour le moment rien d’écrit ni de signé au procès-verbal.

— Au nom du ciel, mettez huit pence seulement, je vous en conjure, et que le bon Dieu me préserve de faire mener cet enfant à la potence !

Miles Hendon était si fou de joie qu’il oublia le respect dû à la justice. Il se jeta au cou de la brave femme et l’embrassa sur les deux joues. Puis il souleva le roi et le pressa contre son cœur.

La femme se retira en manifestant sa satisfaction par de grandes exclamations. Elle prit son cochon dans ses bras et fit un pas vers la porte de sortie. Le constable ramassa le panier vide qui était resté sur la table et la suivit.

Le magistrat avait ouvert un registre et écrivait.

Hendon, toujours l’œil au guet, était intrigué de la disparition du constable. Il sortit de la salle sur la pointe des pieds et rejoignit en un clin d’œil l’officier de justice et la femme.

Alors il entendit la conversation suivante :

— Il est gros et engraissera bien ; je l’achète, voici les huit pence.

— Huit pence ! vous n’y songez pas. Il me coûte trois shillings et huit pence, en bonne et loyale monnaie d’Angleterre, à l’effigie du roi Henri, que