Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/287

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CHAPITRE XXX.

TOM AU FAÎTE DES GRANDEURS.


Tandis que le vrai roi errait par les grands chemins, pauvrement vêtu, pauvrement nourri, accablé d’injures, tourné en dérision par les vagabonds, accouplé aux voleurs, jeté en prison avec les assassins, traité de fou, d’idiot, d’imposteur par tout le monde, le faux roi Tom Canty, pareil au soleil qui gravite dans l’immensité des cieux, et s’élève de degré en degré jusqu’à son point culminant, montait successivement d’échelon en échelon au faîte des grandeurs.

L’étoile qui présidait à sa destinée prenait de jour en jour un éclat plus splendide. Bientôt cette étoile ne se trouva plus voilée par aucun nuage et inonda le monde de ses feux.

Tom avait dépouillé toutes ses hésitations, toutes ses craintes. On ne se souvenait plus de ses gaucheries. Son embarras avait fait place à la grâce, à l’aisance, à la confiance.

Et tout cela était l’œuvre secrète de l’enfant du fouet.

Quand il voulait se divertir et causer, il mandait lady Élisabeth et lady Jane Grey en sa présence ; quand leur conversation avait cessé de lui plaire, il les congédiait avec un air de familiarité qui faisait croire