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plus fort que sherlock holmès

La jeune femme a dix-neuf ans et est remarquablement belle. Grande, bien tournée, sentimentale, extrêmement fière de son origine et très éprise de son jeune mari, elle a bravé pour l’épouser la colère de son père, supporté de durs reproches, repoussé avec une inébranlable fermeté ses avertissements et ses prédictions ; elle a même quitté la maison paternelle sans sa bénédiction, pour mieux affirmer aux yeux du monde la sincérité de ses sentiments pour ce jeune homme.

Une cruelle déception l’attendait le lendemain de son mariage. Son mari, peu sensible aux caresses que lui prodiguait sa jeune épouse, lui tint ce langage étrange :

« Asseyez-vous, j’ai à vous parler. Je vous aimais avant de demander votre main à votre père, son refus ne m’a nullement blessé ; j’en ai fait, d’ailleurs, peu de cas. Mais il n’en est pas de même de ce qu’il vous a dit sur mon compte. Ne cherchez pas à me cacher ses propos à mon égard ; je les connais par le menu, et les tiens de source authentique.

« Il vous a dit, entre autres choses aimables, que mon caractère est peint sur mon visage ; que