Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/13

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que. Or, précisément les deux frères étaient en train de discuter sur la façon dont se tirerait d’affaire un étranger honnête et débrouillard à la fois, qui débarquerait sur le pavé de Londres sans un seul ami, sans autre ressource que ce billet d’un million de livres, et qui, par-dessus le marché, ne pourrait justifier la provenance de cette fortune.

Le frère A paria que cet étranger mourrait de faim ; le frère B soutint le contraire ; le frère A affirma qu’il ne pourrait présenter ce billet à aucune banque sans être arrêté immédiatement ! La discussion s’échauffait de plus en plus, lorsque, pour en finir, le frère B paria vingt mille livres que cet homme pourrait parfaitement vivre un mois sur le crédit de ce billet d’un million de livres, et l’exhiber partout sans se faire coffrer. Le frère A accepta le pari ; le frère B se rendit sur-le-champ à la banque pour y acheter le fameux billet ; en véritable Anglais, il tenait « mordicus » à son pari !!

Ensuite, il dicta une lettre à son secrétaire que ce dernier écrivit de sa plus belle plume ; cela fait, les deux frères passèrent un jour à la fenêtre, cherchant à découvrir l’homme intéressant auquel ils pourraient confier la lettre.

Ils virent défiler bien des passants qui leur parurent honnêtes, mais pas assez intelligents ; sur