Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/17

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cherait pas de me considérer comme un parfait gentleman, comme un millionnaire de haut rang.

Au même moment entra un client ; le patron me fit signe de cacher mon billet ; il me reconduisit à la porte avec force « salamalecks ». Je n’avais plus qu’à regagner la maison des deux frères, pour réparer l’erreur qu’ils venaient de commettre avant que la police ne partît sur ma piste. C’est ce que je fis de suite. Mais j’avoue que je me sentais plutôt nerveux, plutôt inquiet ; bien qu’au fond je n’eusse rien à me reprocher. Je devinais parfaitement que mes deux donateurs, en s’apercevant qu’ils m’avaient confié un billet d’un million de livres pour un billet d’une livre, avaient dû entrer dans une rage indescriptible contre moi, au lieu de s’en prendre à leur propre étourderie, seule responsable de cette bévue. Pourtant, je me calmai en approchant de leur maison, car je remarquai que tout y paraissait tranquille : ils n’avaient pas dû s’apercevoir encore de leur méprise ! Je sonnai. Le domestique vint m’ouvrir ; je demandai à voir ses maîtres.

— Ils sont tous sortis, me répondit-il, sur le ton que nous connaissons tous aux domestiques, en pareil cas ; ces messieurs sont partis.

— Partis ? Mais où ?