Page:Ujfalvy - La Hongrie, son histoire, sa langue et sa littérature.djvu/96

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Petöfi affranchit la poésie nationale de l'influence étrangère et lui imprima le cachet du véritable génie de la nation. Le fils d'une illustre Française, M. Desbordes Valmore, écrivain distingué, a publié quelques éloquentes pages sur notre grand poète national, et je les reproduis ici avec son assentiment ; on verra à quel point le jugement d'un homme d'un goût aussi sûr est flatteur pour la littérature hongroise.

« Parmi les poètes, Petöfi est le plus grand et le plus fidèle représentant de son pays. Perdu par sa naissance dans le sein de la plus humble foule, opprimé par la misère pendant la durée de sa courte existence, il a connu les poignantes douleurs qui empêchent le cœur de s'engourdir auprès d'un esprit exclusivement occupé ; il a appris la science de la vie sans rien perdre de sa sensibilité. Tout pauvre qu'il était, et peut-être à cause de sa pauvreté, la Muse l'avait reçu et lui avait donné cette voix d'or, ce pouvoir merveilleux de charmer les oreilles et d'entraîner les âmes. Aussi, dès qu'il chanta, il fit pleurer; l'art n'avait pas tué l'homme en lui. L'homme était tellement vivant et dominait à ce