Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/125

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que de Brazza, a pu voir comment l’esclavage y était pratiqué, et dit :

« Tous les esclaves mâles ont au pied une bûche dans laquelle on a fait un trou assez grand pour que la cheville puisse y entrer, puis on rétrécit l’ouverture en enfonçant un morceau de fer au milieu, afin que le pied ne puisse plus repasser. Pour marcher, ce qui leur serait impossible de faire sans se blesser, ils supportent cette bûche par une corde attachée à chaque bout, ce qui les fait ressembler à des forçats traînant leur chaîne et leur boulet. Quelques-uns des plus robustes, ceux qu’on craint de voir s’enfuir quand même, ont les mains passées dans une planchette qui forme comme un diminutif de la cangue ; ce sont les plus malheureux : obligés de se tenir toujours dans la même position, leurs souffrances doivent être intolérables. Les femmes et principalement les enfants sont libres. Tout ce monde n’avait pas l’air de se plaindre de son sort. Un seul vint me demander protection ; mais, comme je n’avais pas assez de marchandises pour le payer, je me contentai de prévenir son propriétaire que la première fois qu’il le frapperait, je le lui rendrais au centuple. Ce n’est pourtant pas que les noirs frappent généralement leurs esclaves ; ils craignent trop que la marchandise ne soit dété-