Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/128

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« On abandonne le vieil esclave dont j’ai parlé, et les Adoumas d’en face viennent le reprendre. Nous ne nous arrêtons qu’à quatre heures, après avoir passé les rapides de Bouangi. Nous voici donc chez les Osseybas. Tout le long de la route, nous avons rallié d’autres pirogues chargées d’esclaves… Pendant que je veille à la cuisson de mon repas, on vient me prévenir qu’on va jeter à l’eau une femme esclave atteinte de la petite vérole et encore vivante. Je hèle la pirogue, les hommes qui la montent font la sourde oreille ; je prends mon fusil, à cette vue ils s’empressent d’accoster ; je leur demande ce qu’ils vont faire de cette femme. « Tu vois bien, me disent-ils, qu’elle va mourir avant deux ou trois jours, elle est horriblement couverte de mal et peut le communiquer à ses compagnons. Nous ne voulons pas la donner à d’autres et nous allons la noyer, — pas devant toi, ajoutent-ils ; — derrière l’île, pour que tu ne la voies pas. » Je saute dans la pirogue, et je les oblige à aller accoster à la rive opposée et à débarquer la femme qui est dans l’impossibilité de se mouvoir ; les hommes qui la sortent de l’embarcation se couvrent de feuilles afin de ne pas la toucher directement. Du reste, elle est horrible à voir ; je lui fais donner des provisions et elle reste là. Quand je