Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/188

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les armes prennent la tête de Thomme et se la passent de main en main. On peut avoir ce baptême de sang en se faisant passer la tête d’un des esclaves sacrifiés aux mânes du chef défunt. Enfin, les musiciens se servent de trompes en dents d’éléphant auxquelles sont fixées les mâchoires humaines enlevées aux ennemis !

L’esclavage est perpétuel au Grand-Bassam. « Le tœdium vitæ dit l’amiral Fleuriot de Langle, s’empare quelquefois de ces malheureux, ils déclarent qu’ils sont las de la vie. Les Jacks accèdent à leurs vœux, leur donnent une bouteille de rhum qui les grise, et l’exécuteur des hautes-œuvres leur fait sauter la cervelle d’un coup de bâton appliqué derrière la nuque. Leur corps est abandonné, sans sépulture, aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la forêt ! A la Grand’Bouba, les choses ne se passent pas aussi simplement, le maître de l’esclave le conduit au chef du village dont il dépend. Ce chef, après avoir fait toutes les remontrances possibles à l’esclave, prend jour pour procéder à son jugement. Les anciens forment l’aréopage, le patient est au milieu du cercle ; il est rare qu’il change d’idée, il met une sorte de point d’honneur à braver une société au dernier échelon de laquelle le sort l’a placé, et répond affirmativement à toutes les