Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/231

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autres, pour satisfaire l’appétit des vainqueurs. Les enfants, d’après tous les rapports qui m’ont été faits, sont considérés comme friandise et réservés pour la cuisine du roi. Pendant notre séjour chez les Mombouttous, le bruit courait que presque tous les matins on tuait un enfant pour la table de Mounza.

« Nous n’avons pas eu l’occasion d’assister à ces horribles mangeries, mais une fois, arrivant inaperçu devant une case où, près de la porte, se trouvait un groupe de femmes, je vis celles-ci en train d’échauder la partie inférieure d’un corps humain, absolument comme chez nous on échaude et l’on racle un porc, après l’avoir fait griller. L’opération avait changé le noir de la peau en un gris livide. Quelques jours après, je remarquai, dans une maison, un bras d’homme qu’on avait suspendu au-dessus du feu, évidemment pour le boucaner.

« Non seulement nous trouvions à chaque pas des signes d’anthropophagie, mais nous reçûmes de la bouche du roi la confirmation du fait et l’explication du peu d’exemples que nous en avons eus. Nous étions chez Mounza, le Kénusien et moi ; Abd-es-Samate fit tomber l’entretien sur ce chapitre, et demanda comment il se faisait que, depuis notre arrivée, on n’eût pas mangé de chair humaine dans le