Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/242

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La principale est, comme chez les Gabonais, la superstition qui engendre les jalousies, et, par suite, les meurtres. Ainsi un Boulou ne meurt jamais seul, parce que les maladies et la mort n’étant pas attribuées à des causes naturelles, mais à l’empoisonnement, les parents du défunt réclament le sang de ceux qu’ils accusent d’être coupables, ou que le féticheur leur désigne comme tels. Le verdict fatal, qui autrefois n’atteignait que les esclaves, tombe aujourd’hui sur ceux dont on ambitionne les biens ou dont on est jaloux ; on s’en défait par le poison ou par les armes, secrètement et par trahison. Ces nouveaux meurtres seront, à leur tour, tôt ou tard vengés dans le sang de leurs auteurs.

A l’embouchure du Congo, comme sur toute la côte occidentale de l’Afrique, les gangas (féticheurs et sorciers) tiennent toujours dans leurs mains les populations.

Quelqu’un est-il mort ? C’est qu’un de ses ennemis aura mangé son âme. On va trouver le ganga pour qu’il nomme le coupable. L’intérêt, la vengeance et souvent le caprice dictent la réponse de l’oracle. Il est rare que la victime désignée échappe à l’épreuve violente à laquelle on la soumet. Parfois il lui faut, pour établir son innocence, porter un fer rougi au feu. Le