Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/33

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tique des traitants musulmans : ils tuent les aborigènes adultes et ne conservent que les enfants. On envoie les filles aux harems arabes, souahili et manyouema ; les garçons apprennent à porter les armes et à s’en servir. Devenus grands et forts, ils épousent quelque servante du harem, et s’associent à leur tour aux sanglantes aventures du maître. Un certain nombre des quotités du butin reviennent de droit au grand commerçant Tippou Tib, par exemple, ou à Saïd-Ben-Abed ; les autres appartiennent aux chefs d’abord, et ensuite à leurs guerriers. En général, les plus gros morceaux d’ivoire, pesant plus de 16 kilogrammes, vont de droit au traitant : ceux de 9 à 16 kilogrammes sont attribués aux chefs ; les simples bandits peuvent garder les parcelles, les débris, les défenses des petits éléphants, s’ils ont la chance d’en trouver. Aussi chacun des membres de l’association apporte-t-il tous ses efforts à la réussite de l’entreprise. Le grand chef leur fournit les armes, les forme à la discipline, mais reste chez lui, sur le Congo ou Loualaba, à se gorger de riz et de pilau, à s’abandonner aux excès du harem. Stimulés par la cupidité, ses lieutenants deviennent féroces et excitent leurs bandits à se ruer sur les enfants, le bétail, les vivres, les poules et l’ivoire.