Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/174

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par succession de temps, pourquoy ne dois-je esperer que mon amour et mes prieres longuement continuées, pourront bien autant sur la dureté de ceste belle ? Et lors, se jettant à genoux devant elle, apres l’avoir quelque temps considerée, ou plustost adorée : Si l’amour, luy dit-il, belle maistresse, a quelque intelligence avec la beauté, et si les prieres, qu’on dit estre filles de Jupiter luy font tomber les foudres de la main, seroit-il possible que l’extreme affection de Silvandre, et les tres-ardentes supplications qu’il vous fait ne puissent obtenir de la part d’amour envers vostre beauté, et de la part du grand Dieu envers vostre ame, autant de faveur que la foible amitié et l’importunité de Phillis ont desja obtenu de vous ? Si cela est, avec raison je diray, que pour estre aimé, il ne faut point aimer, ny pour vaincre la dureté d’une ame, user de prieres, mais seulement feindre et importuner. Silvandre adjousta plusieurs autres semblables paroles, par lesquelles ces bergeres s’alloient tousjours d’avantage asseurant de l’amour qui prenoit naissance en luy. Et Astrée qui recognoissoit que la volonté de Diane n’estoit pas trop esloignée d’accorder à Silvandre, elle