Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/184

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en sursaut. Elle vouloit continuer, quand Diane et Silvandre survindrent, bien en peine de la voir si tost changée de visage. Mais Phillis qui en toute façon vouloit cacher cette surprise au berger, fit signe à Diane, et puis s’adressant à Silvandre : Berger, luy dit-elle, Astrée voudroit bien pouvoir parler librement à Diane, si Silvandre n’y estoit pas, ou s’il n’estoit pas berger. – Mon ennemie, respondit-il, nostre haine n’est point si grande qu’elle me face manquer de discretion envers Astrée ; outre que je sçay bien qu’il n’est pas raisonnable que les bergers oyent tous les secrets des filles. Je me retiray donc dans ce bocage voisin, attendant que vous m’apelliez. Et à ce mot faisant une grande reverence à Diane, il se retira sous ces arbres qu’il leur avoit monstrez. Et pour ne demeurer oisif, prenant son cousteau, se mit à descouper l’escorce des arbres, cependant que Diane s’approchant d’Astrée apprit de la bouche de Phillis le trouble où l’avoit mise la veue d’une lettre que Silvandre avoit laissé choir, pour la ressemblance qu’elle avoit à l’escriture de Celadon. Et lors, la luy monstrant, apres qu’elle l’eust long temps considerée : Ce seroit, dit Diane, une tres-bonne nouvelle que celle que Silvandre, sans y penser, vous auroit donnée, si Celadon avoit escrit ceste lettre, car c’est sans doute que ceste escriture est nouvellement faite, et qu’il semble qu’elle