Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/210

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gentil berger, tant que j’auray memoire de Hylas, d’ouyr dire que la plus part des choses consiste en l’opinion, puis que n’y ayant rien de si contraire que le vice et la vertu, et cettuy-cy prenant l’un pour l’autre, il nous monstre que veritablement l’opinion est celle qui met le prix à toutes choses. Et certes, c’est bien le plus inconstant de tous les esprits qui ayent jamais eu quelque opinion d’estre amoureux, et qui avec plus d’ôpiniastres raisons essaye de prouver, que c’est vertu de changer, ou plustost que d’aimer en divers lieux, ce n’est pas inconstance ; et- ne faut point croire qu’il en parle contre ce qu’il en croit, parce que veritablement c’est selon son cœur.

Je me souviens qu’estant venu de Camargue à Lyon, il se laissa renfermer dans le temple parmy les filles, la veille d’une feste. Et n’eust esté la compassion que Palinice eut de luy (c’est ainsi que celle-cy de mes compagnes se nomme, dit-elle, montrant celle qui estoit plus pres de Paris), il n’y a point de doute que sa curiosité eust esté bien rudement punie. Mais elle, recognoissant que sa faute estoit procedée d’imprudence, et