Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/37

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de chacun, luy faisoit fuir Silvandre encore plus que les autres, mais à ce coup la civilité le contraignit de saluer Leeonide et Paris, et de les suivre en estant requis et de l’un et de l’autre qui qu’au commencement il essayast d’avoir congé avec quelques mauvaises excuses. Mais Leonide qui l’aymoit à cause de Celadon, le pressa de sorte qu’il fut contraint d’augmenter la trouppe, et Paris qui surtout desiroit de sçavoir où estoit Diane, luy demanda s’il ne cognoissoit point celle qui estoit assise aupres de Phillis sous cet grand arbre. Luy qui n’y avoit point encore pris garde, mettant la main sur ces sourcils et s’arrestant un peu pour les regarder, respondit que c’estoit Atsrée.

Et lors, reprenant le chemin, il ouyt que Leonide, continuant le discours qu’elle avoit commencé avec Silvandre, parloit de cette sorte : Et pourquoy, berger, estes-vous tant offensé contre ceste bergere, encor qu’elle soit cause que vous aymez, puis qu’elle l’est aussi que vous estez devenu plus honneste homme ? Car je m’asseure que vous m’advouerez que l’amour a ceste puissance d’adjouster de la perfection à nos ames ; s’il est ainsi, l’obligation que vous luy avez ne doit pas estre petite. – J’advoueray bien, respondit le berger, que veritablement je croy que sans Phillis je n’eusse jamais aymée, mais je ne laisseray de