Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/720

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la grandeur de leur contentement, demeure estonnée de tant de thresors, et de tant de felicitez qui surpassent la cognoissance qu’elle en peut avoir. Et contente-toy pour ce coup de sçavoir que le bien dont amour recompense les fidelles amans, est celuy-là mesme qu’il peut donner aux dieux, et à ces hommes qui s’eslevant par dessus la nature des hommes, se rendent presque dieux. Car les autres plaisirs dont tu fais tant de compte, ne sont que ceux qu’un amour bastard donne aux animaux sans raison, et à ces hommes qui s’abbaissant par dessous la nature des hommes se rendent presque animaux privez de raison. Et c’est en ce monstre, ô Hylas ! que tu degeneres, quand tu aymes autrement que tu ne dois, en ce monstre, dis-je, qui se fait bien paroistre tel en toy, puis que comme les monstres, il est sans proportion, que comme les monstres, il ne peut produire son semblable, et bref, que comme les monstres il ne peut vivre longuement. Au contraire mon amour est quelque chose de si parfaict que rien n’y peut estre adjousté ny diminué sans faire offence à la raison ; car, soit en la grandeur qui esgale le subject qu’il s’est proposé, soit en la qualité en laquelle la vertu ne peut rien remarquer qui luy puisse desplaire, je puis dire sans vanité qu’il est parvenu à la perfection. Que si j’ay dit que mon affection ne pouvoit estre reprise, c’est avec raison, puis qu’outre