Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/76

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elle, qui avoit un autre dessein, fit bien ce qu’elle m’avoit promis, mais ne changea point de volonté. Cela toutesfois ne laissa pas de profiter à Calidon, qui recevant ces visites et ces caresses, sous l’esperahce que je luy avois donnée, beaucoup plus avantageusement pour ses desirs, que sa fortune ne requeroit, en peu de temps commença de se remettre, [38/39] et quoy qu’il ne fust pas guery entierement, si voyoit-on un grand amandement en son mal.

Et parce qu’elle s’en ennuyoit, et que je voyois bien que mon dessein n’avoit pas eu l’effect que je m’estois proposé, je pensay qu’il la falloit obliger d’un autre costé. Je m’adresse donc à Cleontine, luy declare l’amitié que je portois à Calidon, la volonté que j’avois de luy donner apres moy tous mes troupeaux, et mes pasturages, luy mets devant les yeux la qualité de la personne du jeune berger, sa bonne naissance, ses vertus, bref l’amitié qu’il portoit à Celidée, et n’oubliay chose que je peus penser pouvoir avancer ceste alliance.

Voyez, grande nymphe, si je n’y marchois pas de bon pied, et s’il n’a pas occasion d’estre obligé à Thamire!

Cleontine qui jugea ce party avantageux pour sa nourriture, me remercia de la volonté que j’avois pour Celidée, et dés lors me donna parole que tout ce qu’elle y pourroit Seroit employé en faveur de Calidon, mais que la jeune bergere avoit