Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/792

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de telle façon qu’elles ne sont plus qu’un seul tronc, qui s’eslevant plus que je ne vous sçaurois dire par-dessus les autres arbres du boccage, a esté esleu de Teu­tates pour son arbre bien-aymé. Et pour nous en donner cognoissance, nous y avons trouvé le guy salutaire, si beau, et si bien nourry, qu’il n’y en a point dans la contrée de tel, au rapport de tous les vacies. Et sans mentir, le nom du grand Teutates, qui est gravé en son tronc, et celuy de Hesus, Tharamis, et Belenus, qui sont aux trois branches, avec les autres merveilles qui se voyent en ce lieu, font bien cognoistre que Dieu s’y ayme et qu’il veut y estre adoré.

Ainsi discouroit le vacie, et racontoit au druide une chose, qu’il sçavoit mieux que luy, comme en ayant esté l’inventeur. C’estoit la coustume des Gaulois, de chercher, une lune avant le sixiesme de celle de Juillet, par toute la contrée, le chesne qui avoit le plus beau guy, et en faire rapport au grand druide, afin que le jour qu’il devoit estre cueilly, l’assemblée se fist dans le hameau, où il s’estoit rencontré. Et pour cest effect, tous les vacies s’assembloient, et suivoient tous les boccages sacrez, et choisissoient le plus beau, et le marquoient. Et parce qu’ils estimoient que c’estoit un signe d’estre aymez de Dieu, que de le trouver dans les boccages, qui dépendoient de leur hameau, pour luy en