Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/817

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que dans deux ou trois nuicts, elle luy en rendroit responce : N’y faillez donc pas, dit Celidée, car si vous me trompez, vous serez cause de quelque plus grand mal. Le terme estant escoulé, que ceste bonne femme n’avoit pris que pour pousser le temps, comme l’on dit, avec l’espaule, elle luy en demanda encor autant ; mais Celidée qui cognut bien que ce n’estoit que pour l’amuser, fit semblant de la croire, et cependant resolut de faire de son costé ce qu’elle penseroit estre meilleur pour achever son dessein, feignant de ceste sorte avec ceste bonne vieille, de peur qu’elle ne descouvrist sa deliberation à Cleontine.

Cherchant donc tout ce qu’elle pouvoit pour devenir laide, de mauvaise fortune elle estoit un matin à la chambre de Cleontine, qu’elle estoit encor au lict, et parce que ceste bonne femme avoit accoustumé de porter une pointe de diamant au doigt pour signe qu’elle estoit dediée à Teutates, comme vous sçavez, madame, que c’est la coustume de toutes nos druides, elle la posoit tous les soirs avant que de se mettre au lict, et la reprenoit le matin. Il advint que Celidée prenant ceste bague, se la mettoit au doigt, et de l’un en l’autre alloit cherchant auquel elle estoit plus juste, sans peut-estre songer à ce qu’elle faisoit. Dont Cleontine s’appercevant : Voudriez-vous bien, luy dit-elle, ma fille, estre obligée de porter ceste bague aux mesmes