Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/840

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Il y a quelques nuicts que Silvandre s’estant endormi dans un bois qui est aupres du temple de la bonne déesse, à son reveil il se trouva une lettre en la main, sans sçavoir qui la luy avoit donnée. Et parce qu’à son retour il la fit voir à Diane, et à la bergere Astrée, elles creurent qu’elle estoit escripte de la main de Celadon, et pensant apprendre de ses nouvelles, au lieu où il l’avoit trouvée, elles le prierent de les y vouloir conduire ; ce qu’il fit. Mais la nuict estant survenue, elles se perdirent, de sorte qu’elles furent contraintes d’y attendre le jour. Et parce que durant le peu de temps qu’Astrée dormit, elle eut quelques visions qui luy firent croire que Celadon estoit en peine pour n’avoir receu les derniers offices de la sepulture (et qui à la verité avoient esté dilayez pour pouvoir apprendre quelques nouvelles de son corps) elle se resolut de luy dresser pour le moins un vain tombeau, que l’on trouva plus à propos de faire au nom de Paris, que non pas au sien, ainsi que depuis j’ai sceu de Phillis. Or, madame, les ceremonies, comme vous sçavez, en furent assez longues pour convier ces bergeres de demeurer à leur retour quelque temps retirées en leurs cabanes pour se reposer, fust du travail de la nuit precedente, fust de la longueur du chemin qu’elles avoient fait. Il n’y eut que Diane qui en fut destournée par la presence de Paris.

Quant à moy, me separant de bonne heure de la troupe, apres avoir disné je