Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/866

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ta domination, aye pour agreable, ô grand roy, que je te die que ce seroit une execrable cruauté de vouloir exterminer tous les peuples d’Italie ; outre que, quand ils auroient tous passé au fil de ton espée, tu ne serois pour cela en plus grande asseurance qu tu es, ayant encores contre toy les armes animées de la nouvelle Rome, de toute l’Asie, de l’Afrique, et de tout le reste de l’Europe, dont l’Italie n’est qu’une des moindres parties. Juge, grand roy, quelle apparence il y a qu’une force humaine puisse surmonter tant de provinces, vaincre tant de roys, et acquerir pour dire ainsi, tant de mondes, car tels peut-on nommer les royaumes, et l’immense estendue de l’empire Romain. De sorte que la ruine d’Italie ne te peut profiter qu’à te rendre hay des hommes, et du Ciel: des hommes, qui voudront vanger l’outrage que tu auras fait à cette Rome, chef de toute la terre ; et du Ciel qui ne peust qu’estre offencé de voir la ruyne de la ville qu’il a esleue pour le miracle du monde, et en laquelle il a faict paroistre de se plaire, s’il y a quelque chose parmy les hommes en laquelle il ayt pris plaisir. Que s’il te plaist d’avoir toutes ces choses devant les yeux, tu verras bien qu’il seroit beaucoup meilleur de te rendre amys et obligez mes deux freres et leurs empires, reconfirmant