Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/911

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deux jours. – Et que faut-il faire ? luy dit-elle. – II dit, respondit Valentinian, quelque parole sur le mal et soudain la douleur cesse. Et lors, me demandant s’il estoit vray, je luy dis qu’ouy, et que jusques en ce temps là je n’en avois point failly, et que je ne pensois pas que la fortune me fust moins favorable pour elle que pour tous les autres. Elle se faschoit fort que j’approchasse ma bouche si pres de la sienne, et en me presentant la main, me commanda que j’essayasse dessus. Je luy mets la bouche contre, et soufflant un peu, j’approchay les levres jusques à la peau et la pressay doucement. O Silvandre ! quel commencement fut celuy-cy ! Elle retire la main, et me dit que c’estoit baiser, et non pas une recepte, et ne voulut point le permettre, mais la douleur qui la pressoit, la contreignit en fin de me dire que je l’apprisse à Isidore, et qu’elle la luy feroit. Je fus bien combattu, car je desirois fort d’estre celuy qui approcheroit de ses belles levres, et toutesfois j’estois bien marry du mal qu’elle souffroit. Amour me conseilla de dire d’autres paroles à Isidore, afin que ne la trouvant pas bonne, elle fut contrainte de recourre à moy. Et mon dessein reussit comme je l’avois proposé, parce qu’ayant murmuré en vain ces fausses paroles, et fait toutes les autres ceremonies, la douleur ne cessa point, dont Valentinian se mocquant: Pensez-vous, luy dit-il, ma maistresse, que chacun soit propre à ceste recepte ? Je vous jure que je