Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/208

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gulier et fantasque écrivain, allant aux extrêmes en tout, et aimant à se singulariser en secouant sans cesse l’arbre aux idées, selon son mot. La plupart des ouvrages de Mercier se rencontrent tous brochés dans une enveloppe de papier à chandelles, cela ne nous étonne plus ; puissent-t-ils rester éternellement dans leur chemise originelle en mémoire de leur impitoyable auteur-iconoclaste.

Sous la Révolution on relia donc très peu en plein on ne trouve guère de cette époque que des livres de pacotille vêtus sur cartonnages de parchemin tatoué ou vert, ainsi que des basane et des veau, puis, eu guise de fers, tout le joli petit arsenal démocratique, des bonnets phrygiens, des équerres, des triangles, des faisceaux de licteurs, et, à côté de cet attirail, l’aimable symbolisme grec du Directoire. Parfois sur des plats de volumes on retrouve d’étranges légendes à faire peur à un boucher.

Le métier de relieur alla vite à vau-l’eau ; on traita les livres comme des boites, sans souci de la durée et sans goût ; on grecqua à outrance, et on rogna les tranches comme on rognait les têtes. Le brave Lesné lui-même dans son poème en paraît tout ému. Écoutons-le :

L’art pour beaucoup de gens devint trop malaisé ;
La paresse inventa bientôt le dos brisé.
Les parchemins , les nerfs parurent inutiles,
On osa supprimer jusqu’aux tranche-files.