Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tre Thouvenin, dont la renommée ira chaque jour grandissant, de cet artiste délicat et si profondément original, qui, s’inspirant du goût romantique, apporta dans la Reliure un style tout nouveau. Thouvenin trouva d’exquises reliures dans un genre gothique ogival et dans une manière Renaissance qui sont bien à sa marque ; il employa les plaques gaufrées à froid avec de jolis guillochages d’or et des ornements d’une mignardise charmante. L’excellent Nodier qui, bien qu’on puisse dire, aimait et estimait Thouvenin à sa juste valeur, fit, au lendemain de sa mort, son panégyrique en ces termes, ne prétendant parler que du Thouvenin des dernières années :

« Thouvenin est mort quand il arrivait au plus haut degré de son talent, rêvant de perfectionnements qu’il aurait obtenus, qu’il aurait seul obtenus peut-être. Thouvenin est mort pauvre, comme tous les hommes de génie qui ne sont pas hommes d’affaires, et qui tracent le chemin du progrès, sans le fournir jamais jusqu’au bout. Mais la Reliure n’est pas descendue tout entière dans le tombeau de Thouvenin. Son exemple a inspiré d’heureuses émulations, son école a formé d’industrieux élèves, son art, au point où il l’a ramené, est de tous les arts du pays celui qui reconnaît le moins de rivalités en Europe. L’Angleterre elle-même, qui nous était encore si supérieure en ce genre, il y a moins d’un quart de