Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/245

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ses dix-neuvième de superbes maroquins pleins, très écrasés, à sept, huit ou neuf ou douze filets.

— À côté de ce type très vivant, souriant et autoritaire, il y a le Bibliophile rétrospectif, sorte de misanthrope, généralement sur le retour, qui tient en grande pitié toute la bibliophilie de ce temps. Pour le Rétrospectif, il n’existe de vrai, de bon, de sérieux, de durable que les seizième et dix-septième siècles ; le reste n’est que piperie, — Avec Louis XIV, le Rétrospectif tire, son échelle du jeu, et il se soucierait d’un exemplaire broché des Contes de la Fontaine, 1762, avec remarques et vignettes hors texte, comme un poisson d’une pomme. — Le Bibliophile rétrospectif vit dans l’ombre et voyage ; on le rencontre à Venise, à Florence, à Vienne, à Londres, à Pétersbourg et à Madrid. Très érudit, très à cheval sur ses deux siècles de littérature française et étrangère, il vérifie un peu partout les textes de ses auteurs aimés et semble très apprécié des vieux bibliothécaires des principales villes d’Europe. Le rétrospectif songerait plutôt à faire ressemeler ses bottes qu’à commander la plus petite reliure ou demi-reliure à un des « piètres » praticiens d’aujourd’hui.

Le Bibliophile Jeune France mérite aussi d’être signalé ; il frise la cinquantaine et porte beau, étant resté gant-jaune dans toute la force de l’expression. Très disert, et même un peu pompeux, il analyse ses