Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vérité que la Reliure est une manière de préface du Livre, qu’elle doit, en attirant le regard de son possesseur, évoquer à ses yeux l’esprit, le style, l’humour ou la fiction même de l’ouvrage qu’elle recouvre. La Reliure emblématique, bien entendue et délicatement ouvrée, eût été la Reliure véritable de ce siècle où la diffusion des genres et des talents confond trop aisément le jugement des amateurs.

Tandis que de l’extrême Orient nous arrivent des formules d’art nouvelles, d’un superbe relief et d’une perspective saisissante, apportant une flore exquise et une ornementation pleine d’enlacements, de volutes, d’enroulements, d’accessoires et de figures d’un faire d’une si grande élégance ; tandis que la Chine, le Japon, la Perse nous envoient des décors d’une science innée et d’une richesse incomparable de détails et de coloris ; alors même enfin que chez nous nos peintres et dessinateurs s’efforcent de renouveler les vieilles factures, MM. les Relieurs, confits dans la tradition, momifiés dans le trantran du métier, imitent à qui mieux mieux les guillochis de Le Gascon, les dentelles de du Seuil ou les incrustations rococo de Dérôme.

Je ferai néanmoins quelques exceptions, et non pas en faveur de ceux qui passent pour les maîtres contemporains ; j’accorderai à MM. Marius Michel une remarquable exécution dans tout ce qu’ils touchent et une incontestable bonne volonté pour sortir du convenu