Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

preuves, mais je ne prétends point vous prévenir en ma faveur, ni provoquer un retour sur vous-même, pour voir lequel de nous deux s’est éloigné le pre- mier de l’autre. Notre sexe est sujet à dès inconvé- nients auxquels n’est point exposé le vôtre. Ne vous en prenez qu’à vous si je suis contrainte de vous faire un aveu que ma situation rend nécessaire. Je n’ai rien négligé pour voiler un mystère qui peut- être vous fera quelque peine à pénétrer ; mais vous vous êtes refusé constamment à tous les moyens que j’ai mis en usage, j’ai tout fait pour essayer d’éloi- gner de vos regards un événement que j’aurois voulu envelopper d’ombres impénétrables, si nous m’aviez mieux secondée. Rien ne m’a réussi. Le temps me presse de vous instruire. — Vous m’entendez, Mon- sieur : qu’ordonnez-vous ? — Voulez-vous que, me cachant aux yeux du monde, je donne le jour à un être qui ne sera pas à vous, et qu’en nous exposant à l’indiscrétion de quelque confident, nous nous ren- dions tous deux l’objet de la malignité publique ? Déclarerai-je mon état ? — Voulez-vous adopter un enfant dont vous n’êtes pas le père ? Couvrir d’un voile obscur une situation où beaucoup d’autres se sont trouvés avant vous ? Voulez-vous, me regardant plus en ami qu’en mari, m’aider dans un événement aussi cruel et mériter un attachement aussi durable que ma reconnoissance ? »

Ce discours n’étoit-il point un chef-d’œuvre par-