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IX
PRÉFACE

temps nous mettre aux écoutes des élus que nous avons pleurés.

Si pour faire étape vers eux nous adoptons une telle méthode, nous lui devrons cette douceur de les aimer plus encore, en constatant que notre amour pour eux devient pour nous-mêmes un agent de perfectionnement. Ces êtres chéris, ces vivants par excellence, que nous appelons des morts, nous conjurent de balayer de nos âmes tout ce qu’elles decèlent de ferments de mort ; ils nous aident, ils nous soutiennent, dans notre tâtonnant essor vers la vie pleine, vers la vie vraie. Pour l’agnostique, ils sont des ombres insaisissables ; pour le croyant, ils sont des appuis ; et le sentiment de proximité qui l’attache à eux se transforme en un sentiment de gratitude. Améliorées par ces invisibles présences, nos âmes les fixeront, et les perpétueront, et les illumineront, par la fidélité même de leur progrès dans le bien, et par cette autre fidélité avec laquelle elles leur en diront merci. Et ce merci, nous l’exprimerons par des prières, par des prières pour nos morts.

Georges Goyau.