Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/10

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tre société honore surtout les vertus et l’esprit de famille. Le dix-neuvième siècle n’est ni débauché, ni chevaleresque ; et s’il aimait moins l’argent, le dix-neuvième siècle serait tout à fait un galant homme. Les sociétés changent peu en haut et en bas ; mais le milieu obéit au courant des idées et des progrès du temps. Ces Mémoires n’eussent été qu’un infidèle tableau de l’époque que j’ai essayé de peindre, s’ils fussent devenus une galerie de portraits représentant l’antique dynastie de tous les vices humains.

Par une contradiction fâcheuse avec la vérité, nos romans et notre théâtre ne reflètent pourtant que les mœurs exceptionnelles des bas-fonds de la société, que la physionomie immorale de ces vices plus ou moins élégants qui se produisent à la surface, mais heureusement ne pénètrent point dans le milieu sain et honnête des populations. Nos romanciers et nos poëtes ont toutefois une excuse. Vêtus du même costume, tous élevés au collège, nous ne leur offrons ni des ridicules effrontés, ni des vices sans pudeur, ni des passions ardentes. Passions, vices ou ridicules foisonnent, au contraire, dans ces ruelles où la jeunesse fait ses premières armes, et où l’âge mûr vient quelquefois chercher le ridicule, la ruine et la honte. Nos ro-