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eût certainement troublé sa santé et mis fin à sa vie.

Il mourut de la pneumonie des vieillards. La vieillesse et l’enfance jouissent de ce privilège d’avoir des maladies à elles. Voici les dernières paroles que prononça le prince Tuffiakin à son lit de mort : « Plumkett danse-t-elle ce soir ? »

Je lis dans Saint-Simon[1] :

« Duchesne, fort bon médecin, charitable et homme de bien et d’honneur, qui avait succédé auprès des fils de France à Fagon, lorsque celui-ci devint premier médecin du roi, mourut à Versailles, à quatre-vingt onze ans, sans avoir été marié, ni avoir amassé grant bien. J’en fais la remarque, parce qu’il conserve jusqu’au bout une santé parfaite et sa tête entière soupant tous les soirs avec une salade, et ne buvant que du vin de Champagne. Il conseillait ce régime. Il n’était ni gourmand, ni ivrogne. »

Un agent de change de mes amis, qui avait toujours mené une vie joyeuse, excitée, qui avait toujours suivi un vif et chaud régime, épousa une ancienne liaison comme pour se ranger ; sa nouvelle compagne lui prêcha la vie tranquille, et surtout la plus grande sobriété. La sobriété, c’était en même temps l’économie ; notre vieil épicurien, mis à l’eau, en peu de temps s’attrista, maigrit et mourut.

Je ne prétends pas (je veux être précis et net sur ce point) qu’on doive, en vieillissant, forcer son régime mais je conseille de ne le point changer.

Je défends même toute espèce d’excès à ceux qui ont

  1. I. Volume V, chap. xviii (1707)