Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/140

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le premier et ne souffrait pas d’attendre. Tout bourgeois était un pékin.

On comprend qu’au milieu de tous ces héros qui, comme on vient de le voir dans les lettres citées, ne pouvaient aimer que pendant un congé, entre deux campagnes, l’amour prît des airs un peu cavaliers ; mais on voit aussi que l’amour n’avait point donné sa démission. On cherchait alors à surprendre, à étonner le cœur des femmes.

Je reproduirai ici une anecdote qui me vient de mon ami Rosman. Il s’agit d’une déclaration respectueuse, faite par le baron Capelle à la princesse Elisa, grande-duchesse de Lucques et de Piombino.

C’est à tort que l’on a imprimé que le baron Capelle, dans sa jeunesse, avait été comédien ; on confondait alors le baron Capelle avec un homonyme, avec un certain Capelle qui avait joué la comédie, qui avait fait des vaudevilles, et qui fut inspecteur général de la librairie.

Le baron Capelle, d’abord préfet du Doubs, venait d’être appelé à Livourne, comme préfet du département de la Méditerranée. La princesse Elisa résidait dans ses Etats, et recevait souvent le baron Capelle. Il arrive un jour et trouve la princesse abattue et désolée ; elle souffrait d’une dent. « Princesse, il faut se décider, il faut la faire arracher. — Je n’y consentirai jamais. » Un dentiste est appelé, et il constate que la dent malade est perdue ; puis il est entraîné dans un coin du salon par le baron Capelle. « Arrachez-moi au plus vite la dent pareille à celle dont souffre la princesse. » l’opé-