Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/164

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vrard, allez aux Etats-Unis, yoici une lettre de crédit de cinquante mille francs pour David Parish, et quinze cents louis en or. » Le lendemain, le prince de Talleyrand fait appeler Ouvrard et lui demande des explications sur la lettre de crédit trouvée dans les papiers de Labédoyère qui venait d’être arrêté : « Ce n’est pas devant vous, prince, lui dit-il, que je me justifierai d’avoir voulu sauver un proscrit dont la tête est menacée. » Le prince de Talleyrand comprit cette réponse ; Ouvrard ne fut pas inquiété.

La physionomie d’Ouvrard était des plus sympathiques ; son sourire ne manquait ni de malice, ni même de dédain ; il avait des convictions, et pour tous ses plans il ne croyait qu’au succès ; il n’y avait chez lui ni du Normand, ni du Gascon. Il se donna toutes les joies de ce monde. Il eut des amis.

La restauration mit fin, comme par un coup de baguette, à ces mœurs, à ces désordres, à cette ivresse et à ces spéculations de l’empire.

Depuis 89 jusqu’au dernier exil de Napoléon, tous les esprits et tous les cœurs furent troublés, épouvantés et jetés violemment hors de toutes traditions et de toutes croyances par trois grands faits qui se succédèrent : les grands faits historiques parlent encore plus haut, et parlent plus pour tout le monde que les théories et les livres des plus puissants esprits et des plus entraînants écrivains.

Un roi et une reine montant sur l’échafaud par juge-