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nêtre du boulevard de la Madeleine flottaient deux drapeaux blancs ; au moment où les monarques alliés passèrent devant cette fenêtre, des dames s’écrièrent : Vive Alexandre ! s’il nous rend nos Bourbons. — Oui, mesdames, répondit à haute voix l’empereur Alexandre, vous le reverrez, vive votre roi Louis XVIII ! et les jolies dames de Paris !

Un des grands événements de ces tristes jours, ce fut cette nouvelle qui se répandit bientôt :

L’empereur Alexandre loge chez le prince de Talleyrand.

Les conseils se tenaient dans le salon du prince ; l’empereur de Russie présidait ces conseils, assis sur un canapé.

Dans la dernière maladie de M. de Talleyrand, ce canapé fut remplacé par le lit sur lequel il rendit le dernier soupir. M. de Talleyrand mourut d’un anthrax situé vers la région cervicale ; il lui fallait tenir la tête droite pour ne point augmenter ses douleurs. Sa tête s’appuyait sur une mentonnière dont les extrémités étaient fixées au ciel de son lit. Le prince, dont la tête, dans ses derniers moments, était à peine soutenue par les muscles de la région postérieure du cou, mourut de cet anthrax, de vieillesse, et peut-être aussi un peu étranglé.

M. de Talleyrand avait accompagné l’empereur à Erfurth. « À Erfurth, dit M. de Menneval, secrétaire particulier de Napoléon, l’empereur employa surtout le prince de Bénévent dans ses communications confidentielles avec l’empereur Alexandre. L’empereur Alexandre, ajoute M. dé Menneval, parlait encore à M. de Tal-