Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pratiquait toutes les vertus. La mère de M. Guizot était le vingt-deuxième enfant d’un père et d’une mère qui avaient vu mourir successivement en bas âge toute leur progéniture, et qui ne conservèrent que leur plus jeune fille.

Le père et la mère de M. Guizot, protestants, appartenaient l’un et l’autre à des familles bourgeoises anciennes et honorées, qui adoptèrent les principes de la réforme dès le commencement du seizième siècle.

Une portion de la famille paternelle de M. Guizot, restée catholique, avait quitté la ville de Nîmes ; elle s’était transportée vers Toulouse, et même plus tard dans le Limousin. On trouve dans une collection, espèce de biographie des capitouls de Toulouse pendant le cours du seizième siècle, plusieurs capitouls du nom de Guizot, et qui tous portent ces mêmes prénoms de Pierre et de François qui semblent s’être religieusement perpétués dans cette famille.

M. Guizot, l’ancien ministre (François-Pierre-Guillaume), est né à Nîmes, le 4 octobre 1787, et par conséquent peu de jours avant l’édit du roi Louis XVI qui restituait aux protestants leur état civil et leur qualité d’ascendants ou de descendants légitimes. M. Guizot fut, sans aucun doute, l’un des derniers protestants frappés par la législation exceptionnelle et barbare infligée aux réformés à la suite de la révocation de ledit de Nantes.

M. Guizot ne comptait que peu d’années lors de la convocation de l’Assemblée constituante de 1789. Sa famille ressentit la plus ardente sympathie pour les principes que cette assemblée se hâta de proclamer.