Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les médecins, en France, forment une nombreuse population ; ils pénètrent dans les familles ; ils n’y interviennent pas seulement comme médecins, mais souvent comme amis, avec l’autorité de l’expérience et du savoir. On compte au moins en France dix-huit mille médecins, y compris les médecins, les chirurgiens et les officiers de santé.

Les gouvernements devraient toujours y regarder à deux fois avant de frapper et de passionner tout ce monde médical ; les esclandres et les petits coups d’État sont toujours une mauvaise politique ; on irrite ses ennemis sans les désarmer.

La dissolution de l’ancienne École de médecine fut, sous la restauration, une des violences qui aigrirent le plus le corps médical, et l’on s’en aperçut en 1830, alors que cette génération d’élèves de 1822 étaient déjà répandus à Paris et dans nos provinces, comme médecins praticiens. Tous les gouvernements reconnaissent, en France, l’influence du clergé ; l’influence des médecins doit aussi être constatée ; c’est là de la politique pratique.

J’aime la médecine, parce que je sais combien elle a formé de grands esprits ; j’aime les médecins, parce que je sais combien ce sacerdoce civil impose d’études, de sacrifices et de vertus. Je rappellerai ici les noms des médecins du temps passé qui se sont illustrés, et surtout, avec quelques traits en relief, ceux des temps présents que j’ai pu connaître et étudier.

Citons comme un des glorieux ancêtres des médecins le grand Rabelais.

Citons aussi Guy Patin, peut-être plus célèbre par ses