Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/99

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Pour la dignité professionnelle et pour honorer pieusement la mémoire d’Orfila, tous les médecins ne doivent-ils pas prendre à cœur d’élever une maison de retraite, ouverte aux médecins pauvres et infirmes ? Un homme d’esprit, au cœur chaud, le baron Taylor, a su, par des expédients honnêtes et ingénieux, amasser presque des richesses au profit de l’Association des artistes. Une commission, composée des médecins des hôpitaux, de professeurs de l’École de médecine, de nos grands praticiens, de savants écrivains de la presse médicale et de membres de la Société de prévoyance de Paris, pourrait se mettre à la tête de cette entreprise et la mener à bonne fin pour l’honneur et la dignité de la science.


HYGIÈNE DE L’OUVRIER, HYGIÈNE DU RICHE.


L’ouvrier n’est pas dans des conditions d’hygiène aussi fâcheuses qu’on pourrait le penser. La vie en société est un besoin pour l’homme, et dans nos ateliers, dans nos usines, l’ouvrier est loin de vivre dans l’isolement ; les travaux, les fatigues du corps, lorsque les forces de l’homme ne sont pas dépassées, sont une heureuse excitation pour la vie intérieure, et surtout pour la digestion.

J’estime toutefois que les exercices et la fatigue musculaire diminuent et annulent les forces de l’intelligence. Buffon, qui ne prenait la plume qu’après s’être vêtu d’un élégant costume, eût été mal disposé à écrire d’un style ferme, clair et pittoresque, ses belles pages d’histoire naturelle, après les fatigues et les sueurs de longues chasses. Je me demande même si l’homme est