Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/102

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Maneselle,

Si vous n’m’aimez pas vous n’avez qu’à me l’faire à savoir, parce que si ça est, j’n’en serai pas pus pauvre ; tenez nous autes j’ne nous en rapportons pas aux gisticulements des yeux, dont l’cœur leux donne des démentis. Dimanche, en joüant au pied d’bœuf, vous tâchiez toujours d’attraper la main à cadet Hustache pour l’y commander d’embrasser la compagnie, à celle fin qu’vous y trouviez ytout vote cottepart ; vous aviez beau m’présenter des clins d’œil pour m’faire bonne bouche, ils n’me passions pas l’nœud d’la gorge ; apparemment qu’je n’suis pas genty, suivant l’goût d’vote magnere ; mais j’ai du cœur toujours, et si vous équiez aussi ben un garçon tout comme moi, j’nous saboulerions jusqu’à tant que l’guet nous menit cheux l’commissaire qui vous condamnerait à avoir tort, parce qu’vous êtes une manqueuse de parole, n’m’avez-vous pas dit comme ça que quand j’nous serions aimé aveuc d’lamour, je comparaisserions d’vant un prêtre au sujet du mariage ? À st’heure-ci qu’cadet Hustache vous a engueusée, y sembe quand j’vous parle d’amiquié ça vous dévoye, et puis quand j’vous d’mande si vous voulez que l’Saquerment n’fasse d’nous deux qu’une jointure, vous m’dites qu’vous n’vous sentez pas d’vacation pour la chose ; ça étant, dites-moi du oui ou du nom, si vous voulez rompe la paille aveuc moi, parce que je n’veux pas être l’dindon d’vos attrapes, y en a d’autes qu’vous qui n’m’en r’vendront pas comme vous m’en avez r’vendu, car j’frai ce qui faut faire pour ça ; tout l’monde n’trichera p’têtre pas,

Votre, etc.