Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/138

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Fanfan joue avec sa catin.
Il paraissait content ; mais le petit coquin
De la possession se fit une habitude.
L’habitude et le froid se tiennent par la main :
Le froid donc s’ensuivit et le dégoût enfin.
Combien de belles sont trompées !
Combien de volages amants !
Hommes, vous êtes des enfants,
Femmes, vous êtes des poupées.


II

LE CARROSSE ET LE MOULIN À VENT.

Un équipage à triple glace
Passant près d’un moulin à vent,
Le nargua sur sa lourde masse,
Et lui dit : — Mon pauvre innocent,
Tu fais bien du chemin sans bouger de la place !
Pour qui ? pour un meunier, un lourdaud, un manant !
Mais moi, regarde, encore passe ?
En roulant je porte un milord,
Femmes de cour, brillantes, bien ornées ;
Moi-même je suis doublé d’or.
Sens-tu quelle distance entre nos destinées ? « 
Le moulin lui dit : — Monseigneur,
Mon sort chétif vaut bien votre bonheur :
Servir l’orgueil est votre mode,
D’un tel emploi je ne suis point tenté ;
Prévenir la nécessité
Vaut bien l’honneur d’être commode. »