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et se trouva ainsi assuré d’avoir de quoi vivre et de pouvoir chanter et rimer à ses heures sans être obligé de trafiquer de sa plume et de la mettre au service des passions ou de la vanité des grands.

Aussi ses vers respirent-ils souvent un noble dédain pour la puissance et la richesse, et presque toujours une sereine indépendance.

Il revint donc à Paris vers 1745 ou 1746 et se fit bientôt une réputation de chansonnier facétieux et de causeur aimable dans les sociétés qu’il hantait. Ces cercles n’étaient assurément pas ceux où brillaient Voltaire, Diderot, d’Alembert, Helvétius, non pas même les compagnies de bons vivants où figuraient les Piron, les Collé, les Gallet, etc. Mais sa muse, pour être court-vêtue et avoir de libres allures, n’en était pas moins franchement gaie, non moins sincèrement française.

C’est probablement à cette époque, à ses débuts, qu’il composa, sans les faire imprimer, toutes ces poésies tour à tour graves et légères, épîtres, fables, contes, épigrammes, madrigaux et chansons qui couraient manuscrites dans les cafés et les salons, et ne furent publiées qu’après sa mort comme œuvres posthumes, sous la rubrique de Londres, d’Amsterdam et de Genève, pour faire suite à l’édition de Duchesne et prendre place dans l’édition Cazin. En effet, bien que ces pièces fugitives ne portent aucune date, on voit figurer parmi elles des stances et des chansons sur les victoires de Louis XV, sur sa maladie, sur la prise de Menin.