Je ne croirais jamais de telles impostures ;
Car, tenez, ces diseurs de bonnes aventures
Finissent toujours mal. S’ils, devinaient enfin ;
Ils sauraient se prédire une meilleure fin.
De ces gens quelquefois la science est bornée :
Mais celui qui fans fard m’apprit ma destinée,
Sur le passé si bien a su me définir,
Que mon esprit frappé le croit sur l’avenir.
C’est lui qui m’a prédit qu’une Canadienne,
Par sa flamme, bientôt allumerait la mienne,
Et ferait mon bonheur. J’en suis certain.
C’est-à-dire, qu’il faut vous suivre en Canada ?
Ma foi, votre valet. Qui voudra partir, parte.
Si j’aime à voyager, ce n’est que sur la carte :
On y voit sans danger les Indes, le Pérou :
Mais courir jusques-là ? Je ne fuis pas si fou
Voir cent originaux, ne connaître personne ;
Des voleurs en chemin, qui veulent qu’on leur donne
Habit, bourse, cheval… Oh ! J’en suis dégoûté.
Mais du moins sur la carte on marche en sûreté.
Qui te parle, dis-moi, de faire ce voyage ?
La marquise, à mon goût s’oppose.
Vous ne vous piquez pas de trop lui ressembler.
C’est une mère unique.