Page:Vadé - Œuvres de Vadé, précédées d'une notice sur la vie et les oeuvres de Vadé - 1875.djvu/414

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Julie

Ignorant le dessein, ou plutôt la manie
Du pauvre chevalier, mon père, ainsi que moi,
Fut reçu dans ces lieux, et tu sais bien pourquoi.
On me fit voir d’abord le fils de la marquise,
Comme devant un jour, en épouse soumise,
Être à lui pour jamais. Tu connais ce qu’il vaut.
Son mérite, ses mœurs, m’enchaînèrent bientôt.
Il m’était ordonné de l’aimer. Ah, Lisette !
Comme j’obéissais ! Mais hélas ! ma défaite,
Loin de produire en lui le même sentiment,
Semblait l’en détourner. Juge de mon tourment.
J’allai cacher mes pleurs dans le sein de sa mère,
À qui par mille soins j’ai su me rendre chère.
Son but, en approuvant le penchant que j’ai pris,
Était de triompher de l’erreur de son fils.
Vain espoir ! Elle a cru que, par ce stratagème,
Cet amant deviendrait la dupe de lui-même.
Voilà tout le sujet de ce déguisement.
C’est elle qui le veut, l’amour y consent.

Lisette

Comme vous dégoisez ! Pendant votre silence
Vous avez amassé ce torrent d’éloquence.
Il prend fort bien son cours !

Julie

Il prend fort bien son cours ! Il me coûte bien cher.

Lisette

Votre voyage enfin…

Julie

Votre voyage enfin…Est un voyage en l’air.