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tère (et celle-ci ne signifie rien sans celle-là). Ils ont bien émis des plaintes harmonieuses et pathétiques sur la barbarie ou la folie ou la sottise des hommes : ces plaintes sont restées de vaines paroles, parce qu’elles s’attaquaient aux conséquences et non aux causes. Les causes gisent dans les institutions, et si l’on a permis aux écrivains, et s’ils se sont permis, de se donner libre carrière dans les sphères de la morale transcendante, ou bien dans le département des mœurs, ils n’ont pas su ou pas osé aborder les institutions, la zone des choses sérieuses et positives. Le vague écho de la douleur humaine que perpétuent les chefs-d’œuvre ne vaut pas plus que cette douleur elle-même pour arrêter les malheurs factices qui sortent fatalement de la machination sociale. La comédie qui flagelle l’abus social vaut par elle-même, mais elle ne tire pas à conséquence si elle ne montre pas d’où vient l’abus. Les écrivains, les artistes, les penseurs ont, dans leur révolte contre le mensonge social, commencé par la fin.