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NOTE ET DIGRESSIONS




Pourquoi l’auteur, dit-on, a-t-il fait aller son personnage en Hongrie ?

Parce qu’il avait envie de faire entendre un morceau de musique instrumentale dont le thème est hongrois. Il l’avoue sincèrement. Il l’eût mené partout ailleurs, s’il eût trouvé la moindre raison musicale de le faire.

H. Berlioz. Avant-propos de la Damnation de Faust.




Il me faut excuser d’un titre si ambitieux et si véritablement trompeur que celui-ci. Je n’avais pas le dessein d’en imposer quand je l’ai mis sur ce petit ouvrage. Mais il y a vingt-cinq ans que je l’y ai mis, et après ce long refroidissement, je le trouve un peu fort. Le titre avantageux serait donc adouci. Quant au texte… Mais le texte, on ne songerait même pas à l’écrire. Impossible ! dirait maintenant la raison. Arrivé à l’ennième coup de la partie d’échecs que joue la connaissance avec l’être, on se flatte qu’on est instruit par l’adversaire ; on en prend le visage ; on devient dur pour le jeune homme qu’il faut bien souffrir d’avoir comme aïeul ; on lui trouve des faiblesses inexplicables, qui furent ses audaces ; on reconstitue sa naïveté. C’est là se faire plus sot qu’on ne l’a jamais été. Mais sot par nécessité, sot par raison d’État ! Il n’est pas de tentation plus cuisante, ni plus