Page:Valéry - Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1919.djvu/89

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symétries et les contrastes élémentaires, puis les idées de substance, les métaphores, les bégayements de la logique, les formalismes et les entités, les êtres métaphysiques…

Toute cette vitalité multiforme peut s’apprécier sous le rapport ornemental. Les manifestations énumérées peuvent se considérer comme des portions finies d’espace ou de temps contenant diverses variations, qui sont parfois des objets caractérisés et connus, mais dont la signification et l’usage ordinaire sont négligés, pour que n’en subsistent que l’ordre et les réactions mutuelles. De cet ordre dépend l’effet. L’effet est le but ornemental, et l’œuvre prend ainsi le caractère d’un mécanisme à impressionner un public, à faire surgir les émotions et se répondre les images.

De ce point de vue, la conception ornementale est aux arts particuliers ce que la mathématique est aux autres sciences. De même que les notions physiques de temps, longueur, densité, masse, etc., ne sont dans les calculs que des quantités homogènes et ne retrouvent leur individualité que dans l’interprétation des résultats, de même les objets choisis et ordonnés en vue d’un effet sont comme détachés de la plupart de leurs propriétés et ne les reprennent