Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/134

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politiqueur — quitte à prendre la fourche avec les Jacques une année de disette, un hiver de famine !


7 heures du matin.

Un homme vêtu en entrepreneur cossu, avec une grosse chaîne d’or, un pantalon gris trop court sur des souliers épais, a frappé à ma porte, s’est présenté comme un coreligionnaire et m’a demandé de l’écouter un moment.

— Si vous vouliez, avec vos relations, votre talent…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Tardy, Tardy !

Tardy est un ancien camarade de collège, pauvre, pauvre, plus pauvre que moi ! à qui je paie un cabinet garni, près de ma chambre, et qui gagne sa part à la gamelle en recopiant ce que j’écris.

Je l’appelle à mon secours. Il saute en chemise sur le carré.

— Tiens ! regarde, regarde bien celui-là ! Il venait pour m’acheter… et il m’a cru capable de l’écouter, le misérable !

— Non ! non ! monsieur, balbutie l’individu pâle comme un mort, et trébuchant dans l’escalier.

— Plus vite ! ou je vous crève !

— Non ! non ! monsieur ! répète-t-il en dégringolant.


Mais comment ont-ils osé ! Qui l’envoie ?