Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— La rédaction de la Rue en tête ! ont crié, deux ou trois fois, des pelotons révolutionnaires.

— Ne conduisez pas ces gens à la tuerie, Vingtras !


Croyez-vous donc que l’on conduise personne à la tuerie, pas plus qu’on n’impose à des foules la sagesse ou la lâcheté ?

Elles portent en elles leur volonté sourde, et toutes les harangues du monde n’y font rien !

On dit que lorsque les chefs prêchent l’insurrection, elle éclate.

Ce n’est pas vrai !

Deux cent mille hommes qui ont au ventre la fringale de la bataille n’ont pas d’oreilles pour les capitaines qui leur disent : « Ne vous battez pas ! » Ils passent par-dessus le corps des officiers, si les officiers se mettent en travers, et sur leur carcasse brisée montent à l’assaut !


Mabille, seul, avait raison. Si les chassepots faisaient merveille sans provocation, si un ordre insensé amenait un régiment et une fusillade autour de cette maison, ah ! les tribuns populaires n’auraient qu’un mot à dire, un geste à faire, et le drapeau de la République surgirait d’entre les pavés, quitte à être effiloché par les boulets sur des milliers de cadavres !

Mais ni chez le peuple, ni chez ceux de l’Empire