Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/192

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riche et qui m’a avoué en pleurant qu’il était pauvre, bien pauvre… Confiant dans ma réputation de fort en thème, j’ai couru les bahuts… Ah ! bien, oui ! Ceux qui ont fait leurs classes à Paris ont encore des relations, sont protégés par leurs anciens maîtres ; mais le fort en thème de province, qui rêve d’exercer entre Montrouge et Montmartre, celui-là ferait mieux de se flanquer à l’eau, sans hésiter !… J’ai eu plus de courage… Je me suis fait ouvrier, ouvrier graveur. Je n’ai jamais été bien habile, mais je suis parvenu, avec mon burin maladroit, à gagner à peu près ma vie… Que de fois j’ai songé à vous, à ce que vous nous disiez de l’éducation universitaire ! Je croyais que vous plaisantiez, dans ce temps-là ! Oh ! si je vous avais écouté !… Mais ce n’est pas tout ça ! Je ne suis pas venu pour larmoyer mon histoire. Depuis trois ans, j’appartiens à une section blanquiste. Les sections vont marcher !


Je lui ai empoigné les mains.

— Les sections vont marcher, dites-vous ?… Eh bien ! ne me le racontez pas ; gardez votre secret ! Je ne veux pas avoir ma part de responsabilité dans une tentative qui avortera, et dont le seul résultat sera d’envoyer de braves gens à Mazas et aux Centrales.

— C’est une mission que je remplis. Hier, on a parlé de ceux qui sont hommes à dresser l’oreille, si un coup de pistolet part dans un coin. Votre nom