Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/200

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joints à grand’peine, et qui ont fait des promesses vagues ; quelques-uns ajoutant des mots lâches qu’on a dû arrêter sur leurs lèvres.


Gambetta s’acharne sur les condamnés, et a demandé à la tribune qu’on les frappât comme complices de l’ennemi !

Ah ! bandit ! il sait mieux que personne que ce sont des gens de cœur qui ont fait le coup ! Mais les gens de cœur l’inquiètent ; c’est une menace pour l’avenir. Qui sait s’il n’y aura pas à pêcher une dictature dans le sang trouble de la défaite ? Il serait bon d’être débarrassé de ces insoumis par les troupiers de l’Empire.


Et les collègues de Gambetta hésitent, tant il est leur maître. Pourtant, ils ne nous ont pas fermé la porte au nez, parce que l’horizon devient sombre et qu’ils ne veulent pas, pendant la tourmente qui peut éclater demain, traîner leur refus cousu à leur écharpe, comme la lanterne collée, dans les ténèbres de la nuit, sur la poitrine du duc d’Enghien, pour qu’on vît clair à le fusiller.